Le Grand Paradis : une première, un retour et une revanche

Comment tous les ans, nous organisons nos projets d'été longtemps à l'avance. Cette saison 2022/2023 était particulière pour deux raisons : nos filles avaient leurs épreuves orales et écrites du bac de français en juin et avait un stage alpinisme/escalade avec leurs potes du Groupe Régional Alpinisme Région Centre à Ailefroide la première semaine de juillet. Nous ne pouvions rester les bras croisés d'autant que le voyage jusque dans la vallée de Vallouise n'était pas simple à organiser en termes de covoiturage ... Aussi, après avoir rejoint Ailefroide et passé deux nuits dans le gite avec nos amis CAFistes de Beaugency, nous avons laissé nos deux ados pour prendre la route de Valsavarenche dans le Val d'Aoste. J'avais réservé quatre nuits au refuge Vittorio Emanuele II pour trois personnes. Plusieurs courses étaient possibles au départ de ce petit havre de paix situé à 2732 mètres d'altitude, la cerise sur le gâteau étant bien entendu le Grand Paradis culminant à 4061 mètres. Au programme était prévue une ou deux courses d'acclimatation, puis de tenter ce "4000" en fonction de la météo et de la forme physique de chacun. Finalement, ce sera l'ascension partielle de la Tresenta (3609 m), une journée rando "repos", puis le Grand Paradis : premier "4000" du fiston à 14 ans, le troisième pour Flo. Quant à moi, je prenait ma revanche sur 2011, puisque je m'étais arrêté peu avant le col par manque d'acclimatation.

 

Accès routier / Transports publics :
Ailefroide >> Turin >> Aoste >> Valsavarenche >> Le Pont

Logement, refuges et bivouacs : Refuge Vittorio Emanuele II

Configuration : Alpinisme

Point culminant :
- Tresenta (3609 m)
- Grand Paradis (4061 m)

Itinéraire : Voies normales depuis le refuge Vittorio Emanuele II

Cartographie : IGC Gran Paradiso 101

Inclinaison max. : 35°

Cotation : F

Matériel : Crampons, piolet, baudrier, corde, casque, quelques dégaines et mousquetons pour le sommet du Grand Paradis

Dénivellation totale : +/- 3480 m

Participants : Florence, Florian (14 ans), Arnaud

 

 Lundi 3 juillet

Nous quittons Ailefroide pour 4h30 de route pour rejoindre Valsavarenche et le lieu-dit du Pont (1960 m), puis une montée au Refuge Vittorio Emanuele II situé à 2732 m d'altitude. 770 m de dénivelé et 5 km en 2h10 avec des sacs chargés pour 4 nuits. Le gardien nous a réservé une chambre de quatre au second étage. L'avantage est que nous serons seuls pendant tout le séjour et pourront laisser nos affaires sans craintes puisque ces chambres style "cabines de bateau" ferment à clé. Un confort non négligeable.

Départ du Pont

Ambiance

Becca di Monciair

Ciarforon

 Mardi 4 juillet

Levé à 4h30, départ à 5h15 pour la Tresenta. Nous croisons plusieurs bouquetins en remontant la moraine, puis nous atteignons les névés à partir desquels nous chaussons les crampons et nous encordons. L'enneigement n'est pas continu si l'on suit la voie normale. Aussi, nous tentons de suivre au maximum les langues neigeuses, mais les pentes deviennent de plus en plus raide (45°) et la neige est béton. Nous décidons de rejoindre les pierriers et déchaussons les crampons pour terminer à pied, mais la Tresenta n'est qu'un tas de cailloux immonde lorsqu'elle n'est plus enneigée. Nous décidons de nous arrêter 100 m sous le sommet car les conditions devenaient exécrables (blocs croulants) et nous voulons garder la forme pour le Grand Paradis. Afin de ne pas rechausser les crampons, nous descendons dans les blocs jusqu'à rejoindre les névés non sans avoir sorti la corde dans les passages raides et croulants. Bilan : 800 m de dénivelé et 7 km A/R en 7h.

 

Coucher de lune

Départ du refuge

De la visite

Tresenta et Ciarforon

Zoom sur la Tresenta : pas très engageant !

C'est parti !

Grand Paradis : les cordées sont bien visibles

Stop 100 mètres sous le sommet

Sa majesté le Mont-Blanc versant italien

La Tresenta, c'est ça !

Mercredi 5 juillet

Après avoir consulté le gardien au retour de la Tresenta, nous décidons de décaler la grande course au jeudi. En effet, beaucoup de cordées vont tenter l'ascension ce mercredi et le plafond nuageux sera bas avec du vent. Nous partons donc pour une rando sur le sentier reliant les deux refuges : Chabod et Vittorio Emanuele II en A/R. La météo fut conforme aux prévisions : nuages sur les sommets, vent et quelques gouttes ... Une jolie ballade de 560 m de dénivelé et 11,2 km en 5h.

Glacier de Laveciau

 Jeudi 6 juillet : Le grand jour !

Levé à 3h30, petit déjeuner à 4h et départ à 4h30 à la frontale dans les pierriers. Les premiers névés apparaissent à moins de 3000 m et facilitent l'ascension. Le regel est bon et le restera longtemps. la trace est facile à suivre même s'il faut rester vigilant car l'itinéraire est long. Beaucoup de cordées, mais suffisamment espacées pour ne pas se marcher dessus. Nous perdons rapidement de vue nos compagnons de table la veille ... nous ne les reverrons pas. La dernière pente permet d'atteindre un col avant d'attaquer la partie rocheuse et les premiers rayons de soleil sont un bonheur car il fait froid. Nous laissons nos bâtons de rando que nous récupèrerons à la descente, mais gardons les piolets pour progresser sur la vire neigeuse plus ou moins verglacée. L'accès au rocher sommitale demande de la patience car pas mal de monde. On attend - dans le froid versant nord - que les cordées montent les barreaux scellés. On ne reste que quelques minutes au sommet (4061 m), puis entamons la descente le long d'une vire étroite, mais équipée de goujons et queues de cochons pour l'assurage. Longue descente vers le refuge pour fêter dignement cette première pour Florian et le troisième 4000 pour Florence. Quant à moi, j'ai pris ma revanche sur 2011. 1330 m de dénivelé A/R et 9,8 km en 8h50. Une belle bambée et un bonheur qui se lit sur les visages.

Premiers névés vers 3000 m

De nouveau sa majesté le Mont-Blanc

Summit : 4061 m ! Premier 4000 pour Florian !

Des cordées montent encore

Vendredi 7 juillet

Redescente au Pont pour un retour ensuite en voiture à Ailefroide et retrouver le Groupe qui avait pleins d'histoires à raconter.

 

Bilan :une bonne petite expé bien digérée par le fiston. On remettra ça bientôt ...